Ceci est un projet pédagogique. L’important étant pour moi de favoriser la mémorisation des notions abordées en les contextualisant (par exemple ici dans une période historique et un opéra) et d’aborder ces connaissances et compétences à partir d’un support culturel riche et commun, que l’on puisse manipuler à volonté.
Il y a d’une part cette idée que les apprentissages prennent sens beaucoup plus facilement dans un contexte de vécu du groupe et de l’individu, que l’intérêt littéraire d’un texte et les thèmes dont il traite (amour, mort, haine, abandon) favorisent la mobilisation cognitive. D’autre part une relation forte entre la cognition et les émotions : la mémoire s’active avec les affects et les émotions. Ce n’est pas juste Proust qui le dit, c’est A. R. Damasio aussi, et c’est chacun de nous, lorsqu’on se plait à faire remarquer qu’on se souvient de ce qu’on faisait quand…, où on était quand on appris telle chose. Moi par exemple, je ne me souviens jamais mieux d’une règle de grammaire que lorsque j’ai été vexé qu’on me fasse remarquer une erreur.
Pour chaque projet Opéra proposé, les séances tournent majoritairement autour d’apprentissages et de pratiques en français. Je découpe l’opéra de telle sorte qu’il puisse être abordé en classe et donne une trame d’activités qui n’est qu’indicative (c’est celle que j’ai utilisé dans ma classe). Le plus important, c’est que chacun est libre d’utiliser cela à sa guise en fonction de ses élèves.
L’Opéra en classe
Étudier un opéra en classe ? Un opéra baroque, en anglais ??
Et bien oui ! Parce que c’est un formidable support pour tous les apprentissages de la classe : devenir élève, faire de la grammaire, étudier l’Histoire des Arts et pratiquer le chant choral.
Si P. ZUCHER suggère que « musique et langage sont donc par principe exclusifs l’un de l’autre ; [qu’]ils sont chacun un mode spécifique de saturation de nos systèmes d’orientation »[1], l’opéra pourrait apparaître comme une tentative de lien entre le langage et la musique.
Il y a plusieurs signifiants à savoir décoder, qui se complètent : les paroles ne disent pas tout, la musique ne dit pas tout, l’indicible mis en musique étant une façon de dire que chacun peut interpréter différemment, la mise en scène, les décors et les costumes en rajoutent sans tout dévoiler. C’est la raison pour laquelle ces aspects son travaillés dans chaque séquence opéra, avec l’ambition de les réunir à long terme, en allant à l’opéra.
C’est là un intérêt majeur. Ce que l’on voit en vidéo pendant quelques semaines, peut devenir réalité. Pour les parisiens par exemple, on peut se tourner vers les séances et les scolaires pour la famille de l’opéra comique, ou vers les projets à la carte de l’opéra de Paris.
Le travail autour de l’opéra nous permet de demander aux élève d’écrire, de résumer, de reformuler, de décrire, de lire un texte littéraire résistant. C’est pourquoi, dès la première séance on cherche à faire ressortir à l’écrit (dessin, phrases, texte) les premières représentations mentales suite à la découverte auditive d’un extrait de l’œuvre. Au fil des séances, au fil de la découverte de l’opéra et des reformulations de l’histoire, on propose aux élèves plusieurs supports d’écriture : décrire une représentation graphique, reformuler un dialogue, résumer une scène.
La deuxième piste de travail consiste en la découverte à la fois d’un opéra et de l’opéra en tant que genre. Il faut se familiariser avec les chanteurs, le chœur, justifier une mise en scène où un homme chante un rôle de féminin.
Trois objectifs clairs supportent chaque projet opéra : créer une culture commune à un groupe (élèves et enseignants), faire parler et faire écrire.
Faire du français avec un opéra, c’est, pour un cycle 2, par exemple :
Manipuler le verbe
« Cette histoire s’est déroulée il y a longtemps. Nous allons l’utiliser pour faire maintenant de la grammaire.
Nous allons nous servir de cette histoire pour ensuite créer des phrases et observer ce qui se passe. »
a. Présenter trois exemplaire de l’illustration 2 « Le roi se perd dans la forêt. » ; le premier couvert du papier calque et le troisième recouvert des volets entrouverts.
Introduction des notions « Hier », « En ce moment », « Demain », en lien avec la temporalité « passé », « présent » et « futur ».
« Avec les étiquettes, vous devez créer 3 phrases. »
Etiquettes disponibles :
3x le roi ; 3x dans la forêt. ; 3x /vide/ ; 1x Hier, ; 1x En ce moment, ; 1x Demain,
Le groupe manipule les grandes étiquettes affichées au tableau, puis les élèves manipulent leurs étiquettes individuellement.
Question de ce qu’il faudrait écrire sur l’étiquette vide.
« Dans chaque phrase, le mot écrit sur l’étiquette vide est le verbe. Il ne s’écrit pas de la même façon au passé (Hier), au présent (En ce moment) et au futur (Demain). »
b. Présenter trois exemplaire de l’illustration 3 « Le roi gèle dans la glace ! » ; le premier couvert du papier calque et le troisième recouvert des volets entrouverts.
« Avec les étiquettes, vous devez créer 3 phrases. »
Etiquettes disponibles :
3x le roi ; 3x dans la glace ! ; 3x GELER ; 1x Hier, ; 1x En ce moment, ; 1x Demain,
Les élèves manipulent les étiquettes.
Question de l’étiquette Verbe à l’infinitif. Qu’en faire ?
« Dans chaque phrase, GELER est le verbe. On ne peut pas l’écrire de la même façon au passé (Hier), au présent (En ce moment) et au futur (Demain). »
c. Trace écrite dans l’outil-classeur Grammaire
Quand on change le temps d’une phrase, le verbe change de forme.
Cet article est une ressource complémentaire au livret L’inclusion en partenariat avec l’ITEP du Chevaleret.
King Arthur, PURCELL
King Arthur, c’est d’abord l’inévitable air du Génie du froid (chanté dans cette mise en scène par Arthur, pour les besoins de l’adaptation). Dans ma séquence, il prendra une place à part, en Histoire des Arts.
Mon choix s’est porté sur l’interprétation du Concert Spirituel (Hervé NIQUET), mise en scène de Corinne et Gilles BENIZIO pour deux raisons : les choix d’adaptation qui en font une œuvre que l’on peut étudier en classe (pas trop longue) et un humour décapant !
Cette idée d’une séquence portée par l’opéra vous plaît ?
C’est par ici pour tous les documents intéressants !
[mais je n’ai pas fini de le mettre en forme – alors il faut encore attendre quelques jours]
Cet article est une ressource complémentaire au livret L’inclusion en partenariat avec l’ITEP du Chevaleret.
Pierre ZURCHER, Le développement musical de l’enfant, p.24
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